Fête médiévale à Châtenois le 9 juin

Le programme de l’émission 2013 de cette fête bien connue en Alsace centrale et au-delà est ici.

Je vous y montrerai la teinture à la garance, cette plante dont la racine a une longue histoire en teinture. Des rouges, des roses et des orangés naîtront sous vos yeux. Je vous ferai découvrir les parentes de la garance, nos rubiacées locales que sont le gaillet et l’aspérule.

Et je ne manquerai pas de vous raconter quelques histoires de maîtres teinturiers en rouge, il y en a de savoureuses !

Rendez-vous donc le dimanche 9 juin dans le jardin des plantes textiles et tinctoriales de Châtenois.

 

Dans la marmite, ça bouillonne

Vous connaissez la comptine de René de Obaldia ?

Dans la marmite ça ronronne
Ça n’arrête pas de ronronner.
Encore plus fort que papa
Quand il dort le nez bouché.
Ça ronronne dans la marmite, ça ronronne !

Ceux qui ne savent pas ce qu’il y a dedans
Font des yeux ronds comme des pommes
Mais moi je sais pourquoi :

C’est pas du lapin, c’est du chat.

Dans notre famille, c’est un classique. Eh bien nous avons fait une variante, hier, à la fête des remparts de Châtenois, au pied du clocher de l’église. Voilà ce que cela donnait :

Dans la marmite ça bouillonne
Ça n’arrête pas de bouillonner.
Encore plus fort que papa
Quand il est vraiment fâché.
Ça bouillonne dans la marmite, ça bouillonne !

Ceux qui ne savent pas ce qu’il y a dedans
Font des yeux ronds comme des pommes
Mais moi je sais pourquoi :

C’est pas d’la soupe, c’est d’la teinture.

C’est pas d’la betterave, c’est du brésil.

Rendez-vous au jardin

C’était donc ce week-end à Châtenois, dans la bonne humeur et avec tous les temps : nous avons bronzé samedi et nous sommes emmitouflés dimanche. Quelques photos vaudront mieux qu’un long discours.

Voici une vue générale du stand de Petite épeire, la teinturière médiévale pour l’occasion.

le stand au fond du jardin

Et le jardin qui l’accueillait, avec ses plessis, entrelacements de châtaignier qui délimitent les petits espaces de culture  :

Il est niché au pied des remparts, à deux pas de l’église fortifiée, dont on voit le clocher en haut à droite.Les visiteurs pouvaient aller des carrés où poussent les plantes tinctoriales aux écheveaux teints par leurs colorants. Sagement alignés, les écheveaux teints à la tanaisie, à l’oignon, à la garance ou au gaillet :Bien sûr il y avait aussi un peu de lecture pour les grands curieux :Avec le public, nous avons expérimenté les modificateurs. Le petit bout de soie teint au bois du Brésil passe du rouge au violet, quand on le trempe dans un bain de cristaux de soude, on dirait de la magie. Les petits bouts de tissu sèchent au soleil – ce qui n’est pas recommandé, d’habitude on sèche à l’ombre. Mais lors d’une manifestation publique, il faut bien transgresser les règles !Et raconter des histoires, évidemment :Dimanche prochain, le 10 juin, le jardin sera de nouveau animé, à l’occasion de la fête des remparts. Quant à moi, Petite épeire la teinturière, je serai installée avec les artisans, un peu plus loin, au pied de l’église.

Un grand merci à l’équipe des animateurs du Castel qui entretient le jardin et a bien voulu poser pour la postérité !

Rouges

Les 2 et 3 juin prochains je serai à Châtenois, dans le Bas-Rhin, où l’on inaugurera le Jardin du Tisserand, un des onze jardins médiévaux d’Alsace centrale nichés autour du château du Haut-Koenigsbourg. Pour l’occasion, j’ai choisi de me concentrer sur la couleur rouge.

Le rouge, depuis longtemps, c’est LA couleur, celle des puissants. Les Romains portaient des toges pourpre dont la couleur était obtenue à partir d’un mollusque du même nom. Au Moyen-Âge, il y a deux grandes sources de rouge autorisées : la garance des teinturiers, une plante cultivée originaire de l’Asie occidentale et centrale, et les femelles de certaines cochenilles, les meilleures étant le kermès des teinturiers, importé d’Orient lui-aussi.

Les draps de laine teints au kermès, c’était le nec plus ultra, réservé aux plus riches. Dans la langue française d’aujourd’hui, les mots cramoisi et carmin dérivent du nom de cet insecte, source de la couleur… un nom qui nous vient de la racine indo-européenne °kwrmi, qui désigne la larve, le ver, bref aujourd’hui les insectes. Le mot persan kirmiz désignait la cochenille d’Arménie, et les Arabes ont repris ce mot pour nommer l’insecte méditerranéen donnant le rouge écarlate, le kermès des teinturiers.

Quant à la garance des teinturiers, elle a des parentes qui poussent au pied du château du Haut-Koenigsbourg : l’aspérule odorante, qui parfume agréablement le vin blanc, demandez aux habitants de Dambach-la-Ville, et le gaillet commun qui est en fleur lui aussi en ce moment. Toutes deux teignent aussi en rouge, venez le vérifier à Châtenois début juin !

La teinture au Moyen-Âge

Retrouvez-moi prochainement :

  • à Châtenois, au Jardin du Tisserand, dans le cadre des rendez-vous au jardin, les 2 et 3 juin prochains. Je vous y raconterai l’histoire du rouge, la garance mijotera dans mon chaudron, vous découvrirez les plantations bien rangées dans leurs plessis, tout un ensemble de plantes qui, au fil des siècles, ont donné leur couleur aux vêtements.
  • à Châtenois, à la fête des remparts, le 10 juin. Je serai maître teinturière et vous ferai connaître quelques-uns de mes petits secrets.