En route pour l’Avide Jardin

Qu’on se le dise, le festival l’Avide jardin, c’est tout bientôt. Grand temps d’aller le crier au marché de Sélestat, n’est-ce pas ? Mardi je m’étais donc habillée pour l’occasion, et oui bien sûr, je me suis fait remarquer, c’était le but.Jardinière souriante- 2013-08-21-1200.resized

Et pour tout savoir sur le programme de ces 3 jours de festival

à Muttersholtz

les vendredi 30, samedi 31 août et dimanche 1er septembre,

c’est ici.

A tout bientôt pour partager du plaisir. Moi je teindrai avec les épluchures des légumes et des fruits du Jardin, évidemment.

 

Teindre avec les myrtilles et autres plantes à anthocyanes

Pour moi, les myrtilles, ça se mange en tarte, et quel délice.

Pour moi, les myrtilles, c’est ma tante Lucie qui les cueillait dans les bois en Normandie, parfois. Il n’y en avait pas beaucoup.

Pour moi, les myrtilles, ce sont des souvenirs liés aux débuts de ma vie avec mon chéri, ici en Alsace. Tarte dégustée les yeux dans les yeux, promenade à vélo pour aller en cueillir dans le val de Villé.

planche botanique tirée de Wikipedia

planche botanique tirée de Wikipedia

Pour moi, les myrtilles, c’est donc toute une histoire. Sans doute fallait-il y ajouter un chapitre : dimanche prochain 21 juillet 2013, je ferai des expériences de teinture à la myrtille, dans le cadre de la fête de la myrtille de Dambach-Neunhoffen, dans le nord de l’Alsace. En effet, les Mediomatrici, troupe de reconstitution protohistorique dont je suis la teinturière, y sont invités. Il se trouve même que mon nom de Gauloise, Glasina, signifie la myrtille, la petite bleue. Normal, pour celle qui connaît les plantes et les couleurs, non ?

Il semble bien que depuis longtemps déjà, les humains utilisent ces baies pour teindre leurs textiles. Pline l’ancien (1er siècle après JC) , rapporte dans son Histoire naturelle que, chez les Gaulois, les baies de myrtilles servent  à teindre les vêtements des esclaves (livre XVI, XXXI).

C’est surtout la peau des myrtilles qui contient les anthocyanes, les colorants de la gamme des bleus et violets qui vont donner la couleur à nos textiles. Dimanche, j’expérimenterai devant le public. J’espère qu’il y aura des gens pour faire de la gelée et me donner ce qui sort de leur passoire. Car tout de même, les myrtilles, je préfère qu’elles servent à l’alimentation ou à la médecine qu’à la coloration des laines. D’autant qu’il y a d’autres sources d’anthocyanes dans la nature : fruits de la ronce, du sureau, du merisier, ou dans les parcs fruits du mûrier noir. Au XXIème siècle, à échelle industrielle, c’est surtout le marc de raisin qu’on utilise pour les obtenir.

coton teint aux cerises noires

coton teint aux cerises noires

Je crois savoir que la teinture au bouillon, dans la marmite, avec les myrtilles, ne me donnera pas forcément une couleur qui tient à la lumière et au lavage. Il vaudrait mieux faire fermenter les baies en laissant faire le temps. C’est ce que je déduis de mon expérience et de la lecture de recettes anciennes. Alors à la fête de la myrtille, je vous montrerai le résultat obtenu par fermentation avec différentes baies locales en septembre 2008. Il se trouve que je n’ai pas essayé la myrtille, parce que lorsqu’elle croise mon chemin elle se retrouve… dans mon estomac !

Fête médiévale à Châtenois le 9 juin

Le programme de l’émission 2013 de cette fête bien connue en Alsace centrale et au-delà est ici.

Je vous y montrerai la teinture à la garance, cette plante dont la racine a une longue histoire en teinture. Des rouges, des roses et des orangés naîtront sous vos yeux. Je vous ferai découvrir les parentes de la garance, nos rubiacées locales que sont le gaillet et l’aspérule.

Et je ne manquerai pas de vous raconter quelques histoires de maîtres teinturiers en rouge, il y en a de savoureuses !

Rendez-vous donc le dimanche 9 juin dans le jardin des plantes textiles et tinctoriales de Châtenois.

 

Il y a de l’or dans nos poubelles

ou presque ! Car elles contiennent souvent bien des choses qui pourraient mettre des couleurs dans nos vies, ou sur nos vêtements. Prenez cette vieille taie d’oreiller en coton blanc héritée de tante Germaine, vos déchets de café de toute une semaine, et les vieux clous rouillés qui traînent au garage : avec un petit peu de magie, ils vont se transformer en un intéressant sac pour aller faire vos courses – puisque même les supermarchés ne vous donnent plus de sachets plastique pour mettre vos achats !

Comment faire en pratique ? D’une part rassembler les vieux clous dans un bocal, par exemple un bocal à confiture vide. Les recouvrir de vinaigre d’alcool blanc (ça s’achète pour presque rien dans une épicerie ou un supermarché) et, le plus dur, attendre deux semaines. D’autre part faire mijoter une heure la taie d’oreiller dans une marmite contenant les déchets de café (le marc) plus de l’eau. Les déchets de thé iraient aussi, ou les pelures de vos oignons. Laisser refroidir dans la marmite (ça peut être toute une nuit), rincer et sécher.

Après deux semaines, dans votre bocal, le liquide est devenu roux, il y a peut-être même une drôle de mousse. C’est normal, c’est très bien comme ça. Toute goutte de ce « jus de fer », comme nous l’appelons, nous autre teinturières, si elle tombe sur la taie, réagit avec le tanin que contenait le marc de café pour former un point noir, qui résiste à la lumière et à la lessive. Vous me voyez venir : il suffit d’appliquer le jus de fer aux endroits voulus, et on écrit ainsi sur le tissu !

Je montrerai cette technique le 7 avril au Musée textile de Wesserling, dans le cadre de la manifestation Récup’ est mode qu’organise le syndicat de traitement des déchets ménagers de la vallée de Thann. Je ferai des démonstrations en direct et exposerai différentes créations obtenues par cette technique et ses variantes.

De votre côté, vous pouvez jouer aussi : le tanin des plantes plus les ions de fer donnent un composé résistant à la lumière et au lavage, c’est tout le secret. Il ne reste qu’à expérimenter sur des tissus en fibres naturelles. Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à m’écrire en utilisant la page contact, je me ferai un plaisir de vous répondre. Vous pouvez aussi nous rejoindre pour participer à l’atelier de teinture à prix libre à la Maison Mimir à Strasbourg le jeudi 4 avril : nous continuerons d’y explorer cette technique.

 

Ateliers « Fais-le toi-même » sur le Campus de Strasbourg

Dans le cadre de la semaine de l’environnement, sur le parvis de la fac de droit, tout un ensemble d’ateliers le jeudi 21 mars à partir de midi.

Venez donc nous voir et mettre la main à la pâte. J’apporte mes marmites, mes plantes et mes bassines, pour donner de nouvelles vies à des draps fatigués ou des t-shirts défraîchis. En avant les couleurs !

Tout le programme ici.

A tout bientôt

 

Les arts du fil, un festival participatif à Strasbourg

Nous l’avons rêvé, vous l’avez souhaité, le voici. Un festival pour rencontrer, autour des arts du fil, des passionnés et des curieux, dans la simplicité et la bonne humeur.

Quand ? Du lundi 8 au samedi 12 octobre 2012. Il se passe quelque chose chaque jour les matins de 10 à 12 h, à partir de 13h45 l’après-midi, et en soirée certains jours de la semaine.

Où ? à Strasbourg, Maison Mimir, 18 rue Prechter. C’est une petite rue derrière les bains municipaux, arrêt de Tramway Gallia

Comment ? à prix libre. Vous soutenez financièrement le festival à hauteur de vos possibilités et de ce que vous estimez juste de nous donner.

Quoi ? le programme que nous vous avons préparé, le voilà :

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Niederbronn-les-Bains à l’heure gauloise

Ce sera les 15 et 16 septembre prochains, à l’occasion des Journées du Patrimoine. Ce week-end là en Alsace, je sais bien qu’on ne sait plus où donner de la tête. Mais moi, ingénument, je vous recommande d’aller vous régaler de ce qui se passera sur l’Expéridrome de Niederbronn-les-Bains.

Pas seulement parce que vous m’y verrez vous présenter ce que l’on sait aujourd’hui du filage, de la teinture et du tissage sur nos territoires avant la conquête par les Romains… mais aussi parce qu’à Niederbronn, c’est tout un esprit jovial et généreux que les organisateurs ont su mettre en place au fil des années. Et puis il y a du beau monde : les amis celtes qui présentent le tissage aux tablettes, l’équipe des valeureux guerriers Mediomatrici et leur artisanat gaulois, la bonne cuisine de Dédé et sa famille. Au plaisir de vous y saluer, donc, dans deux semaines déjà !

 

Dans la marmite, ça bouillonne

Vous connaissez la comptine de René de Obaldia ?

Dans la marmite ça ronronne
Ça n’arrête pas de ronronner.
Encore plus fort que papa
Quand il dort le nez bouché.
Ça ronronne dans la marmite, ça ronronne !

Ceux qui ne savent pas ce qu’il y a dedans
Font des yeux ronds comme des pommes
Mais moi je sais pourquoi :

C’est pas du lapin, c’est du chat.

Dans notre famille, c’est un classique. Eh bien nous avons fait une variante, hier, à la fête des remparts de Châtenois, au pied du clocher de l’église. Voilà ce que cela donnait :

Dans la marmite ça bouillonne
Ça n’arrête pas de bouillonner.
Encore plus fort que papa
Quand il est vraiment fâché.
Ça bouillonne dans la marmite, ça bouillonne !

Ceux qui ne savent pas ce qu’il y a dedans
Font des yeux ronds comme des pommes
Mais moi je sais pourquoi :

C’est pas d’la soupe, c’est d’la teinture.

C’est pas d’la betterave, c’est du brésil.

Rendez-vous au jardin

C’était donc ce week-end à Châtenois, dans la bonne humeur et avec tous les temps : nous avons bronzé samedi et nous sommes emmitouflés dimanche. Quelques photos vaudront mieux qu’un long discours.

Voici une vue générale du stand de Petite épeire, la teinturière médiévale pour l’occasion.

le stand au fond du jardin

Et le jardin qui l’accueillait, avec ses plessis, entrelacements de châtaignier qui délimitent les petits espaces de culture  :

Il est niché au pied des remparts, à deux pas de l’église fortifiée, dont on voit le clocher en haut à droite.Les visiteurs pouvaient aller des carrés où poussent les plantes tinctoriales aux écheveaux teints par leurs colorants. Sagement alignés, les écheveaux teints à la tanaisie, à l’oignon, à la garance ou au gaillet :Bien sûr il y avait aussi un peu de lecture pour les grands curieux :Avec le public, nous avons expérimenté les modificateurs. Le petit bout de soie teint au bois du Brésil passe du rouge au violet, quand on le trempe dans un bain de cristaux de soude, on dirait de la magie. Les petits bouts de tissu sèchent au soleil – ce qui n’est pas recommandé, d’habitude on sèche à l’ombre. Mais lors d’une manifestation publique, il faut bien transgresser les règles !Et raconter des histoires, évidemment :Dimanche prochain, le 10 juin, le jardin sera de nouveau animé, à l’occasion de la fête des remparts. Quant à moi, Petite épeire la teinturière, je serai installée avec les artisans, un peu plus loin, au pied de l’église.

Un grand merci à l’équipe des animateurs du Castel qui entretient le jardin et a bien voulu poser pour la postérité !

La teinture au Moyen-Âge

Retrouvez-moi prochainement :

  • à Châtenois, au Jardin du Tisserand, dans le cadre des rendez-vous au jardin, les 2 et 3 juin prochains. Je vous y raconterai l’histoire du rouge, la garance mijotera dans mon chaudron, vous découvrirez les plantations bien rangées dans leurs plessis, tout un ensemble de plantes qui, au fil des siècles, ont donné leur couleur aux vêtements.
  • à Châtenois, à la fête des remparts, le 10 juin. Je serai maître teinturière et vous ferai connaître quelques-uns de mes petits secrets.