Petit tissage très nature

Que rapporter d’un séjour à la campagne pour faire plaisir à son homme ? Si comme moi on est amoureuse des plantes et des textiles , c’est facile !

Il s’agit d’un petit dessous de verre en fleurs de châtaignier tissées. C’est un peu délicat à faire car les fleurs tombées sont rigides et fragiles, mais j’aime le résultat. Je me suis inspirée d’un livre qui contient plein d’idées du même genre :

Nature et créations, plus de 30  réalisations avec les richesses de la campagne, de Colette Corneille, paru en 2007 aux éditions Ouest-France.

Niederbronn-les-Bains à l’heure gauloise

Ce sera les 15 et 16 septembre prochains, à l’occasion des Journées du Patrimoine. Ce week-end là en Alsace, je sais bien qu’on ne sait plus où donner de la tête. Mais moi, ingénument, je vous recommande d’aller vous régaler de ce qui se passera sur l’Expéridrome de Niederbronn-les-Bains.

Pas seulement parce que vous m’y verrez vous présenter ce que l’on sait aujourd’hui du filage, de la teinture et du tissage sur nos territoires avant la conquête par les Romains… mais aussi parce qu’à Niederbronn, c’est tout un esprit jovial et généreux que les organisateurs ont su mettre en place au fil des années. Et puis il y a du beau monde : les amis celtes qui présentent le tissage aux tablettes, l’équipe des valeureux guerriers Mediomatrici et leur artisanat gaulois, la bonne cuisine de Dédé et sa famille. Au plaisir de vous y saluer, donc, dans deux semaines déjà !

 

L’été et l’automne 2012 s’annoncent bien remplis !

Si cela vous démange d’en savoir plus sur la teinture ou le travail des fibres, ou si vous avez envie de découvrir mon joli minois, les occasions ne vont pas manquer :

  • Je dirige trois séjours de vacances pour les 7 à 12 ans à la ferme pédagogique de Rhinau, du 16 juillet au 4 août. Nous créerons à partir de matériaux récupérés, de laine des moutons de la ferme et des plantes des environs. Les enfants auront aussi l’occasion de s’essayer au soufflage de verre.

  • Mi août, à l’occasion d’une fête de famille, je prendrai l’air du côté du Mont-Saint-Michel et de la Bretagne : l’occasion j’espère d’aller voir des expositions sur le lin et de visiter l’un ou l’autre des élevages de chèvres angora de la région. Je me suis aussi promis de trouver des patelles trouées pour servir de guide-fil lors du filage au fuseau. Je suis presque sûre qu’il y en aura sur le banc des Hermelles en face de la chambre d’hôtes Les coquelicots à Cherrueix, là où j’aurai la chance d’être hébergée.
  • Septembre : j’assurerai deux demi-journées de formation sur la teinture végétale pour les futurs animateurs nature que forme l’Ariena. Par ailleurs, à Strasbourg, nous reprendrons les deux ateliers mensuels de teinture végétale à la Maison Mimir. Nous avons déjà tout plein de projets.
  • Octobre : du 8 au 14 octobre à Strasbourg aura lieu chez Mimir le festival alternatif des arts du fil. Je suis l’une des organisatrices d’une manifestation qui promet d’être riche en échanges. Et plus tard dans le mois, je serai en résidence au Café des pratiques à Besançon.

Au plaisir de vous rencontrer au fil de mes chemins !

Plantes compagnes en Alsace, une conférence à Sélestat

Ce jeudi soir 14 juin à 20 h, à la salle Sainte Barbe de Sélestat,  Bernard Stoehr, pasteur et botaniste, auteur avec Gérard Leser de Plantes : croyances et traditions en Alsace, donnera une conférence intitulée «Plantes compagnes en Alsace : symbolisme, traditions, usages et coutumes». C’est l’association Sélestat patrimoines qui organise cette conférence, et l’entrée est libre. Venez nombreux !

Dans la marmite, ça bouillonne

Vous connaissez la comptine de René de Obaldia ?

Dans la marmite ça ronronne
Ça n’arrête pas de ronronner.
Encore plus fort que papa
Quand il dort le nez bouché.
Ça ronronne dans la marmite, ça ronronne !

Ceux qui ne savent pas ce qu’il y a dedans
Font des yeux ronds comme des pommes
Mais moi je sais pourquoi :

C’est pas du lapin, c’est du chat.

Dans notre famille, c’est un classique. Eh bien nous avons fait une variante, hier, à la fête des remparts de Châtenois, au pied du clocher de l’église. Voilà ce que cela donnait :

Dans la marmite ça bouillonne
Ça n’arrête pas de bouillonner.
Encore plus fort que papa
Quand il est vraiment fâché.
Ça bouillonne dans la marmite, ça bouillonne !

Ceux qui ne savent pas ce qu’il y a dedans
Font des yeux ronds comme des pommes
Mais moi je sais pourquoi :

C’est pas d’la soupe, c’est d’la teinture.

C’est pas d’la betterave, c’est du brésil.

Le lin : de la plante au tissu

Lorsqu’en 2009 j’étais en stage à la Maison de l’Archéologie des Vosges du Nord, les visiteurs découvraient tous avec plaisir les jolies fleurs bleues du lin à l’Expéridrôme. L’Alsace ne présente pas le climat idéal pour la culture du lin, mais vous en verrez dans les jardins pédagogiques, à Niederbronn, à Châtenois, à Wesserling, ou chez les particuliers car les fleurettes bleues qui s’ouvrent le matin sont d’une légèreté et d’une élégance sans pareil.

 

 

Lorsqu’on récolte le lin, on ne le fauche pas, on l’arrache. Travail fait à l’ancienne, à Niederbronn :

Le week-end dernier, dans le jardin du tisserand à Châtenois,  j’ai remarqué que l’intérêt pour le sujet était toujours le même ! Monsieur Schwartz, de Westhoffen,  présentait des outils reconstitués permettant de travailler les fibres rouies pour les transformer en un beau fil doré. C’était un bonheur de les voir filer au rouet, lui et son filleul.

Voici ci-dessous quelques sites qui vous en diront plus sur le travail du lin, une activité humaine depuis la nuit des temps, puisque la culture du lin est déjà attestée au Néolithique, 3 000 ans avant notre ère.

  • le travail du lin sur le site de l’association du Nord-Pas-de-Calais PHAR. C’est une région où aujourd’hui encore, on peut voir des champs entiers de fleurs bleues,
  • l’histoire des toiles de chanvre et de lin produites en Bretagne, sur le site de Lin et chanvre en Bretagne. Notez que 2012 est l’année du lin et du chanvre dans cette région, les pages actualités vous disent tout sur les manifestations et expositions qui auront lieu dans les différents départements de la région. Il est encore temps d’en profiter !

Un métier à tisser dans son jardin !

Juin, en France, c’est le mois des jardins. Un peu partout, les particuliers comme les structures publiques ouvrent leurs jardins et les font vivre de moultes animations, toutes plus sympathiques les unes que les autres. De l’autre côté de la Manche, en Angleterre, une de mes amies a marié son art du tissage à celui du jardinage, et voilà ce que ça donne : une pure merveille, non ?

Un grand merci à Michelle qui m’a autorisée à reproduire ses photos ici. Ci-dessous, l’installation vue de plus près.

Michelle est une artiste anglaise qui aime beaucoup la France. Tout comme moi, elle est membre de la guilde anglaise par Internet des tisserands, fileurs et teinturiers, qui fête cette année son dizième anniversaire, mais ça, c’est une autre histoire !

Rendez-vous au jardin

C’était donc ce week-end à Châtenois, dans la bonne humeur et avec tous les temps : nous avons bronzé samedi et nous sommes emmitouflés dimanche. Quelques photos vaudront mieux qu’un long discours.

Voici une vue générale du stand de Petite épeire, la teinturière médiévale pour l’occasion.

le stand au fond du jardin

Et le jardin qui l’accueillait, avec ses plessis, entrelacements de châtaignier qui délimitent les petits espaces de culture  :

Il est niché au pied des remparts, à deux pas de l’église fortifiée, dont on voit le clocher en haut à droite.Les visiteurs pouvaient aller des carrés où poussent les plantes tinctoriales aux écheveaux teints par leurs colorants. Sagement alignés, les écheveaux teints à la tanaisie, à l’oignon, à la garance ou au gaillet :Bien sûr il y avait aussi un peu de lecture pour les grands curieux :Avec le public, nous avons expérimenté les modificateurs. Le petit bout de soie teint au bois du Brésil passe du rouge au violet, quand on le trempe dans un bain de cristaux de soude, on dirait de la magie. Les petits bouts de tissu sèchent au soleil – ce qui n’est pas recommandé, d’habitude on sèche à l’ombre. Mais lors d’une manifestation publique, il faut bien transgresser les règles !Et raconter des histoires, évidemment :Dimanche prochain, le 10 juin, le jardin sera de nouveau animé, à l’occasion de la fête des remparts. Quant à moi, Petite épeire la teinturière, je serai installée avec les artisans, un peu plus loin, au pied de l’église.

Un grand merci à l’équipe des animateurs du Castel qui entretient le jardin et a bien voulu poser pour la postérité !

Mettez les fleurs en conserve !

Car c’est la saison des limonades de fleurs et des sirops gorgés de pollen. Ici dans la plaine d’Alsace, les acacias sont presque fanés, les sureaux sont délicieusement parfumés, le tilleul se prépare et mes roses de Damas commencent à embaumer.

Pour les limonades c’est facile : remplir un bocal de verre avec les fleurs choisies, après les avoir  laissées un peu étalées dehors pour permettre aux insectes qui s’y cachaient de s’échapper. Ajouter de l’eau, quelques rondelles de citron non traité et du sucre en poudre. Fermer le bocal, et attendre environ une journée, ça c’est selon les goûts. Ma famille apprécie la limonade d’acacia, mais je sais qu’il y a des amateurs de limonade de sureau, et qu’on peut traiter ainsi toutes les fleurs.

Mon grand favori, c’est tout de même le sirop concentré de fleurs de sureau. Il faut vraiment tasser tout plein de sommités fleuries dans un bocal en verre, recouvrir d’eau – le mieux est qu’aucune fleur ne surnage, pour ne pas avoir une vilaine couleur noire – et laisser 24 h au soleil. Ne pas oublier le flacon à ce stade, cela nous est arrivé l’an dernier et une fermentation avait commencé, dont pour cette recette on ne veut absolument pas. Quand on estime que les fleurs ont bien donné leurs arômes à l’eau, filtrer, ajouter du sucre et de l’acide citrique (respectivement 1,25 kg et 20 g par litre de jus), et laisser mûrir trois jours de plus au soleil, dans des bouteilles bien hermétiquement fermées. Vous verrez, pour aromatiser une bière blonde, c’est un délice.

Mon livre de chevet pour la cuisine des fleurs, c’est le beau livre de Jelena De Belder et Elisabeth de Lestrieux, La saveur des fleurs, paru en 1991 chez Duculot. Je sais bien que depuis, d’autres livres sont venus sur le marché, mais je reste fidèle à celui-là.

Et pour piocher d’autres recettes, ou aller partager les vôtres, vous voudrez peut-être faire un tour sur le forum Manger des mauvaises herbes : je trouve qu’on y est en bonne compagnie !

Je vous laisse : mes bocaux m’appellent.

Rouges

Les 2 et 3 juin prochains je serai à Châtenois, dans le Bas-Rhin, où l’on inaugurera le Jardin du Tisserand, un des onze jardins médiévaux d’Alsace centrale nichés autour du château du Haut-Koenigsbourg. Pour l’occasion, j’ai choisi de me concentrer sur la couleur rouge.

Le rouge, depuis longtemps, c’est LA couleur, celle des puissants. Les Romains portaient des toges pourpre dont la couleur était obtenue à partir d’un mollusque du même nom. Au Moyen-Âge, il y a deux grandes sources de rouge autorisées : la garance des teinturiers, une plante cultivée originaire de l’Asie occidentale et centrale, et les femelles de certaines cochenilles, les meilleures étant le kermès des teinturiers, importé d’Orient lui-aussi.

Les draps de laine teints au kermès, c’était le nec plus ultra, réservé aux plus riches. Dans la langue française d’aujourd’hui, les mots cramoisi et carmin dérivent du nom de cet insecte, source de la couleur… un nom qui nous vient de la racine indo-européenne °kwrmi, qui désigne la larve, le ver, bref aujourd’hui les insectes. Le mot persan kirmiz désignait la cochenille d’Arménie, et les Arabes ont repris ce mot pour nommer l’insecte méditerranéen donnant le rouge écarlate, le kermès des teinturiers.

Quant à la garance des teinturiers, elle a des parentes qui poussent au pied du château du Haut-Koenigsbourg : l’aspérule odorante, qui parfume agréablement le vin blanc, demandez aux habitants de Dambach-la-Ville, et le gaillet commun qui est en fleur lui aussi en ce moment. Toutes deux teignent aussi en rouge, venez le vérifier à Châtenois début juin !