Il y a de l’or dans nos poubelles

ou presque ! Car elles contiennent souvent bien des choses qui pourraient mettre des couleurs dans nos vies, ou sur nos vêtements. Prenez cette vieille taie d’oreiller en coton blanc héritée de tante Germaine, vos déchets de café de toute une semaine, et les vieux clous rouillés qui traînent au garage : avec un petit peu de magie, ils vont se transformer en un intéressant sac pour aller faire vos courses – puisque même les supermarchés ne vous donnent plus de sachets plastique pour mettre vos achats !

Comment faire en pratique ? D’une part rassembler les vieux clous dans un bocal, par exemple un bocal à confiture vide. Les recouvrir de vinaigre d’alcool blanc (ça s’achète pour presque rien dans une épicerie ou un supermarché) et, le plus dur, attendre deux semaines. D’autre part faire mijoter une heure la taie d’oreiller dans une marmite contenant les déchets de café (le marc) plus de l’eau. Les déchets de thé iraient aussi, ou les pelures de vos oignons. Laisser refroidir dans la marmite (ça peut être toute une nuit), rincer et sécher.

Après deux semaines, dans votre bocal, le liquide est devenu roux, il y a peut-être même une drôle de mousse. C’est normal, c’est très bien comme ça. Toute goutte de ce « jus de fer », comme nous l’appelons, nous autre teinturières, si elle tombe sur la taie, réagit avec le tanin que contenait le marc de café pour former un point noir, qui résiste à la lumière et à la lessive. Vous me voyez venir : il suffit d’appliquer le jus de fer aux endroits voulus, et on écrit ainsi sur le tissu !

Je montrerai cette technique le 7 avril au Musée textile de Wesserling, dans le cadre de la manifestation Récup’ est mode qu’organise le syndicat de traitement des déchets ménagers de la vallée de Thann. Je ferai des démonstrations en direct et exposerai différentes créations obtenues par cette technique et ses variantes.

De votre côté, vous pouvez jouer aussi : le tanin des plantes plus les ions de fer donnent un composé résistant à la lumière et au lavage, c’est tout le secret. Il ne reste qu’à expérimenter sur des tissus en fibres naturelles. Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à m’écrire en utilisant la page contact, je me ferai un plaisir de vous répondre. Vous pouvez aussi nous rejoindre pour participer à l’atelier de teinture à prix libre à la Maison Mimir à Strasbourg le jeudi 4 avril : nous continuerons d’y explorer cette technique.

 

Ateliers « Fais-le toi-même » sur le Campus de Strasbourg

Dans le cadre de la semaine de l’environnement, sur le parvis de la fac de droit, tout un ensemble d’ateliers le jeudi 21 mars à partir de midi.

Venez donc nous voir et mettre la main à la pâte. J’apporte mes marmites, mes plantes et mes bassines, pour donner de nouvelles vies à des draps fatigués ou des t-shirts défraîchis. En avant les couleurs !

Tout le programme ici.

A tout bientôt

 

Cadeau de Noël : animation-découverte des fibres animales du monde entier

A Sélestat, dans la boutique Une autre mode est possible, 16 rue du sel,

les mercredi 19, samedi 22 et dimanche 23 décembre à 16 h,

et le jeudi 27 décembre à 14h30

Venez toucher les différentes fibres : lapin ? chèvre ? lama ?

Venez apprendre des chansons sur la laine

Venez écouter de petites histoires

Venez voir des vêtements tout doux

Venus d’ici ou du bout du monde

Au plaisir de partager un moment chaleureux avec vous !

Les arts du fil, un festival participatif à Strasbourg

Nous l’avons rêvé, vous l’avez souhaité, le voici. Un festival pour rencontrer, autour des arts du fil, des passionnés et des curieux, dans la simplicité et la bonne humeur.

Quand ? Du lundi 8 au samedi 12 octobre 2012. Il se passe quelque chose chaque jour les matins de 10 à 12 h, à partir de 13h45 l’après-midi, et en soirée certains jours de la semaine.

Où ? à Strasbourg, Maison Mimir, 18 rue Prechter. C’est une petite rue derrière les bains municipaux, arrêt de Tramway Gallia

Comment ? à prix libre. Vous soutenez financièrement le festival à hauteur de vos possibilités et de ce que vous estimez juste de nous donner.

Quoi ? le programme que nous vous avons préparé, le voilà :

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Rouges

Les 2 et 3 juin prochains je serai à Châtenois, dans le Bas-Rhin, où l’on inaugurera le Jardin du Tisserand, un des onze jardins médiévaux d’Alsace centrale nichés autour du château du Haut-Koenigsbourg. Pour l’occasion, j’ai choisi de me concentrer sur la couleur rouge.

Le rouge, depuis longtemps, c’est LA couleur, celle des puissants. Les Romains portaient des toges pourpre dont la couleur était obtenue à partir d’un mollusque du même nom. Au Moyen-Âge, il y a deux grandes sources de rouge autorisées : la garance des teinturiers, une plante cultivée originaire de l’Asie occidentale et centrale, et les femelles de certaines cochenilles, les meilleures étant le kermès des teinturiers, importé d’Orient lui-aussi.

Les draps de laine teints au kermès, c’était le nec plus ultra, réservé aux plus riches. Dans la langue française d’aujourd’hui, les mots cramoisi et carmin dérivent du nom de cet insecte, source de la couleur… un nom qui nous vient de la racine indo-européenne °kwrmi, qui désigne la larve, le ver, bref aujourd’hui les insectes. Le mot persan kirmiz désignait la cochenille d’Arménie, et les Arabes ont repris ce mot pour nommer l’insecte méditerranéen donnant le rouge écarlate, le kermès des teinturiers.

Quant à la garance des teinturiers, elle a des parentes qui poussent au pied du château du Haut-Koenigsbourg : l’aspérule odorante, qui parfume agréablement le vin blanc, demandez aux habitants de Dambach-la-Ville, et le gaillet commun qui est en fleur lui aussi en ce moment. Toutes deux teignent aussi en rouge, venez le vérifier à Châtenois début juin !